Tango, j'oublie tout

Long Week-end, Soir 1 : TANGO

Je mets les soucis de coté pour profiter d'un weekend de 3 Jours :

Aujourd'hui j'ai posté une lettre recommandée pour l'immigration en envoyant l' original de ma copie intégrale d'acte de naissance.
J'espère que c'était un problème de qualité de la copie.
Affaire classée jusqu'à la réponse de l'administration américaine (pas avant 4 ou 5 semaines)
Voila je peux profiter du week-end et j'ai envie d'aller danser ce soir.
Pour entamer notre  nous allons danser à Easter Market qui avec Zanduga est ma milonga favorite.


Easter Market, 7ème rue, donc la 7ème rue direction en partant du Capitol.

Mes amis danseurs d'Europe m'ont demandé de leur en dire un peu plus sur le tango aux USA.
Plusieurs fois, je suis rentrée de milonga en me disant que j'arrêtais le tango. C'est vraiment trop frustrant de n'avoir que de très rares tendas qui soient magiques, c'est à dire en connexion avec mon partenaire et la musique. Trop souvent, j'ai l'impression de faire un exercice technique mais sans magie et sans musicalité. Parfois aussi, je suis frustrée, de n'avoir pas pu danser avec un seul très bon danseur autre que Mark. Les bons danseurs semblent inaccessibles, certains ne dansent jamais avec moi et quand ceux qui dansent habituellement avec moi  sont absents ou trop occupés, je me sens envahie d'une émotion qui touche à mon estime du soi. Je me sens rejetée, c'est un sentiment que tous les danseurs de tango connaissent, surtout les femmes mais aussi les hommes. Dans ces moments là, les danseurs cherchent une explication et interprètent souvent personnellement ce qui se passe en milonga. Nous en parlons entre nous, avec les amis proches et çà aide à relativiser de découvrir que nous partageons tous ces sentiments si paradoxaux du tango et pourtant nous n'arrêtons pas, parce que c'est trop enthousiasmant quand tout est parfait. Pour tous les non danseurs, je précise que l'intensité des bons moments vaut toutes les petites deceptions. Le tango est comme une éternelle recherche du moment parfait, ce summum qui n'est pas atteint automatiquement prend toute son ampleur à chaque fois qu'il est vécu. Je suis moi-même bien prise pendant les milongas, puisque je danse avec les gens sympas avec qui j'ai l'habitude de discuter même si parfois j'aurais préféré ne pas danser avec certains. Je découvre ainsi dans les remarques de certains bons danseurs qu'ils n'ont pas réussis à capter mon regard et m'inviter.
Je me fais la réflexion de ne pas danser systématiquement avec les même danseurs à chaque fois, afin d'être libre pour les nouveaux. . En effet la communauté est grande et même si je danse chaque tenda avec un danseur différent, je suis loin d'avoir dansé avec tous en fin de soirée. Pour cela, il va falloir que j'apprenne à dire "non pas cette fois", que l'on peut se dire bonjour sans forcément danser à chaque fois mais j'ai tellement pas envie de blesser les sentiments de quelqu'un. Je pense que nous les danseurs de tango en majorité, sommes des êtres fragiles et sensibles.
Ce soir, pour moi, c'est la milonga parfaite, j'ai le plaisir de danser avec quelques-uns de mes danseurs favoris. Je rentre comblée de bonheur, Mark est content pour moi.
Il était un  peu inquiet de ma décision d'arrêter le tango. Le voilà rassuré.